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Mars 2022

Influence de l'agroforesterie sur les cortèges de carabiques

Dans le cadre d’un projet des pépinières Naudet autour de l’agroforesterie avec le soutien du conseil départemental de la Côte-d’Or, notre association a mené plusieurs études sur la faune. L’objectif est d’observer l’influence de la plantation des arbres (haies, arbres têtard, inter-rangs dans la culture, verger, …) sur la biodiversité. 2021 était la première année de cette étude, mais un arbre prend son temps pour pousser et nous repasserons donc dans quelques années pour voir comment ce changement paysagé important apporté par ces plantations a influencé les cortèges faunistiques. Notre nous sommes intéressés à plusieurs groupes faunistiques : les chauves-souris, les pollinisateurs au travers des papillons de jour et des bourdons et les… carabiques.

Installation des pièges Barber © JOUNOT Isabelle

Les carabiques sont des coléoptère. Comme la majorité des insectes de cet ordre, ils ont une paire d’ailes modifiées, renforcées, qui protège leur corps: des élytres. Plus précisément, ce sont des coléoptères de la famille des Carabidae. Cette vaste famille comprend environ 1050 espèces en France. Ce sont des insectes qui vivent majoritairement à la surface du sol et sont pour la plupart des prédateurs (mollusques, vers, petits arthropodes…), même si certaines espèces sont granivores ou omnivores. Cette famille occupe une grande diversité de niches écologiques mais les cortèges d’espèces sont sensibles à divers facteurs (niveau d’humidité, nature des substrats, structuration du sol, richesse et diversité des proies disponibles, richesse et diversité de micro-habitats…). Ce sont par conséquent de bons bio-indicateurs de l’état et de l’évolution des milieux naturels, notamment des milieux forestiers. Ils jouent également un rôle important d’auxiliaires de culture.

Elaphrus riparius NEVERS © Mathurin CARNET

Pour pouvoir étudier les carabiques, nous avons utilisé des pièges Barber. Ces derniers sont des pots enterrés à la surface du sol où les invertébrés tombent et se noient. Un liquide conservateur dans le pot nous permet de récupérer les individus en assez bon état pour les étudier. Ces pièges ont l’intérêt d’être standardisé, c’est à dire que leur efficacité ne dépens pas (ou peu) de l’expérience et des compétence de la personne qui les met en place. Ce piège est létale, en effet la détermination de la majorité des carabique nécessite une observation fine sous loupe-binoculaire. Par exemple, la différence entre deux espèces du même genre que sont Nebria brevicollis et Nebria salina se fait principalement sur l’observation du relief discret à la surface des élytres (micro-sculpture elytral). Les deux espèces pouvant se trouver au même endroit, ce sont 645 individus du genre Nebria qui ont été déterminés individuellement dans le cadre de cette étude (seul Nebria brevicollis a été identifié dans nos relevés). Cette activité ne dépendant pas de la météo, nous permet de l’étaler dans le temps et d’avancer sur ce travail alors que les insectes sont moins actif dehors. Une détermination parfois chronophage qui se fait en laboratoire avec la littérature spécialisée et des collections entomologiques de référence pour pouvoir comparer les critères si besoin. Sur cette étude ce n’est pas moins de 1 583 carabiques qui sont passés sous la loupé binoculaire et qui nous ont permit de déterminer 32 espèces.

Détermination en laboratoire © Mathurin CARNET